
🎤 Décryptage par Marine Berthelin, spécialiste handicap & emploi, psychologue clinicienne, formatrice, animatrice de l’atelier Santé Mentale Pour Tous
Les personnes concernées par un trouble psychique font l’objet d’une stigmatisation forte. Parmi les dernières publications de l’Agefiph*, trois éléments ont particulièrement attiré mon attention, en tant qu’ancienne référente handicap et animatrice de la fresque.

1. « La santé mentale reste associée à des pathologies souvent perçues comme chroniques, incurables et inexorables alors que les données de la science disent qu’un rétablissement permettant de jouir d’une vie satisfaisante est possible. ».
Cette représentation négative associe les troubles psychiques à une absence de solutions. Intégrer le sujet des troubles psychiques dans une vision pédagogique plus large, en s’éduquant collectivement sur la santé mentale, en abordant les différentes ressources et la notion de rétablissement, rouvre le champ des possibles.
2. « L’étude met en évidence une nette hiérarchie dans la perception de la facilité d’intégration en entreprise selon les types de handicap (…) les handicaps psychiques et mentaux font l’objet d’appréhensions plus marquées, avec des taux d’intégration perçus comme « facile » ne dépassant pas 20 à 25% ».
Cette appréhension peut évoluer à partir d’éléments chiffrés étayant le message « tous·te·s potentiellement concerné·e·s », comme l’estimation par l’OMS d’une personne sur quatre touchée au cours de sa vie par un trouble mental. Partager des pratiques concrètes pour préserver sa propre santé mentale, et donner des clés pour accompagner un collègue en situation de vulnérabilité, peut aussi contribuer à lever les freins et favoriser la tolérance à l’intégration du handicap psychique.
3. « 1 personne sur 3 ne parlerait pas de ses troubles si elle en avait » ; « Une maladie physique, surtout lorsqu’elle est chronique, peut altérer la santé mentale. »
Il n’y a aucune obligation en emploi de parler de la nature de son trouble, encore moins des éléments médicaux ou de diagnostic. Pour autant, certain·e·s personnes pourraient vouloir aborder le sujet, sans savoir comment. En tant que référent handicap, il arrive d’accompagner des situations de maintien dans l’emploi dans lesquelles une problématique de santé autre que le trouble psychique est d’abord mise en avant par la personne concernée. Le trouble psychique est abordé après plusieurs échanges, une fois le lien de confiance instauré. Créer une culture d’ouverture sur le sujet de la santé mentale peut dans certains cas permettre à une personne concernée par des troubles psychiques d’aborder plus directement, sereinement, l’ensemble des volets de sa situation.
La fresque dédiée à la santé mentale en entreprise n’est pas un outil de sensibilisation au handicap psychique. Le référent handicap peut à mon sens l’envisager comme une première action permettant d’ouvrir le dialogue sur la santé mentale, dans toutes ses dimensions, dans un cadre bienveillant. Une manière de poser les bases du travail au long cours de déstigmatisation des personnes concernées par un handicap psychique.
*Observatoire Agefiph : santé mentale, handicap et emploi – avril 2025 ; 7ème Baromètre Agefiph-Ifop, décembre 2024